CÉLÉBRER
LE DIMANCHE
L’Eglise célèbre le mystère pascal, en vertu
d’une tradition apostolique qui remonte au jour même de la résurrection du
Christ, chaque huitième jour, qui est nommé à bon droit le jour du Seigneur,
ou dimanche*. Ce jour-là en effet les fidèles doivent se rassembler
pour que, entendant la parole de Dieu et participant à l’Eucharistie,
ils se souviennent de la passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur
Jésus et rendent grâces à Dieu qui les a régénérés par la résurrection de
Jésus-Christ d’entre les morts. Aussi, le jour dominical est-il le jour de
fête primordiale qu’il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles…(Vatican II
Cette affirmation traditionnelle, reprise par le
Concile Vatican II, n’a pas fait difficulté chez nous jusque dans les années
70. Les trois points essentiels soulignés par ce texte (célébration du
dimanche, par le rassemblement des fidèles et leur participation à
l’Eucharistie) pouvaient être honorés ensemble. Le contexte social et ecclésial
soutenait une pratique dominicale régulière. La densité du tissu rural
permettait de rassembler dans les villages une communauté significative. Les
prêtres encore nombreux célébraient l’Eucharistie en chacun d’eux.
Cette pratique harmonieuse s’est trouvé remise en
cause par les évolutions culturelles contestant les pratiques héritées, par la
désertification du monde rural regroupant la population dans quelques villes et
bourgs, par les migrations saisonnières du tourisme, par la diminution
préoccupante du nombre des prêtres.
On a, dans un premier temps, tenté de se réorganiser
avec les moyens disponibles, pour honorer, autant que possible, la célébration
dominicale, en demandant à chaque prêtre de célébrer plus de messes, en
regroupant les fidèles là où c’était possible. On a espacé les célébrations
dans les plus petites communautés au risque de casser le rythme hebdomadaire
traditionnel.
Ces aménagements trouvent aujourd’hui leur limite.
Notre fidélité à la célébration du jour du Seigneur nous contraint, dans un
moment difficile, à l’imagination et au courage. Ces orientations diocésaines
voudraient guider et soutenir les initiatives qu’il nous faut prendre et sans
lesquelles la célébration du dimanche risque de progressivement s’effacer dans
nos consciences et nos pratiques catholiques.
* Une concession du Siège Apostolique permet que, dès le
samedi soir précédent, on puisse satisfaire au précepte de la participation
à la messe dominicale…Cette concession a pour but de permettre aux chrétiens,
dans les circonstances actuelles, de célébrer plus facilement le jour de la
résurrection du Seigneur. (Instruction
Eucharisticum Mysterium n° 28 25/05/1967).
Ces orientations s’articulent autour des trois grandes affirmations mentionnées plus haut et réaffirmées en 1998 par le Pape Jean-Paul II dans sa lettre apostolique « Dies Domini » (D.D.)
1. Il
faut célébrer le dimanche.
2. Pour
célébrer le dimanche, il faut se rassembler.
3. L’Eucharistie
est la célébration par excellence du dimanche.
Comment aujourd’hui faire droit à ces trois exigences ?
1. IL FAUT CÉLÉBRER CHAQUE
DIMANCHE
« Même dans le contexte des difficultés de notre temps, l’identité de ce jour doit être sauvegardée et surtout profondément vécue… Au seuil du troisième millénaire, la célébration du dimanche chrétien, pour les significations qu’il évoque et les dimensions qu’il implique par rapport aux fondements mêmes de la foi, demeure un élément déterminant de l’identité chrétienne »
11. L’Eglise maintient le précepte dominical.
(Code
de droit canonique n° 1246)
12. Notre objectif, en Eglise
diocésaine, n’est donc pas de gérer au mieux le repli. C’est de pouvoir offrir
à nouveau la possibilité d’une célébration hebdomadaire du dimanche partout
où existe une communauté chrétienne (c’est à dire là où existe
une vie ecclésiale : catéchèse, visite des malades, attention aux plus
pauvres…).
Nous avons à refaire sur ce
point un gros travail d’éducation. Nos pratiques de ces dernières décennies ne
sont pas, de fait, allées dans ce sens : en maintenant l’eucharistie dans
les paroisses-centres et en l’espaçant dans les paroisses périphériques, nous
avons pu paraître légitimer une pratique bi-mensuelle ou mensuelle.
13. Là où existe encore le
rythme hebdomadaire, s’il y a réellement une communauté chrétienne (là où la
foi est enseignée, la prière assurée, la charité exercée), on ne supprimera pas
la messe dominicale sans mettre en place une autre célébration.
14. Là
où il existe une communauté chrétienne, si le prêtre ne peut pas venir célébrer
l’eucharistie dominicale, les fidèles ne sont pas pour autant dispensés de
l’Assemblée Dominicale. L’Eglise leur recommande de célébrer alors une A.D.A.P.
(Assemblée dominicale en l’absence de prêtre). Ce point est développé
plus loin.
15. La célébration d’une messe en semaine dans une
paroisse où la messe n’a pas été célébrée le dimanche est une pratique
spirituelle à encourager. Mais elle ne saurait remplacer le rassemblement
dominical. Pour éviter toute ambiguïté, en semaine on ne célèbrera jamais la
messe du dimanche mais la messe prévue ce jour-là par la liturgie
2. POUR CÉLÉBRER
LE DIMANCHE,
IL
FAUT SE RASSEMBLER
« Pour que la présence vivante du Ressuscité au
milieu des siens soit annoncée et vécue comme il convient, il ne suffit pas
que les disciples du Christ prient individuellement et fassent mémoire intérieurement,
dans le secret de leur cœur, de la mort et de la résurrection du Christ…Il
est important qu’ils se réunissent pour exprimer
pleinement l’identité même de l’Eglise, l’ekklesia, l’assemblée
convoquée par le Seigneur ressuscité, lui qui a offert sa vie pour
rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés »
(Jean-Paul II D. D. n°31)
Là encore nos pratiques et
notre tradition ne vont pas dans ce sens. Dans une approche individualiste
de la foi, nous avons multiplié les célébrations dominicales pour la commodité
des fidèles au risque d’émietter les communautés. Le grand nombre des prêtres
le permettait. La perspective n’était pas juste pour autant. On est loin de
la pratique de l’Eglise des Pères où une seule messe était célébrée chaque
dimanche dans chaque Eglise. La nécessité du rassemblement primait sur toute
autre considération. Il nous faut redécouvrir cette
dimension communautaire du dimanche.
22. Dans les secteurs
marqués par le tourisme et le thermalisme, des rythmes différents sont sans
doute à adopter selon les saisons.
23. Nous devons avoir le
courage de nous interroger (avec les conseils pastoraux bien sûr) sur
l’opportunité de maintenir l’Eucharistie dominicale là où il n’y a plus de vie
ecclésiale réelle et où le mot rassemblement a perdu tout son sens. Il faut
peut-être, dans ces cas là, inviter les quelques participants à rejoindre le
dimanche une communauté et faciliter leur déplacement.
24. Dans chaque secteur un rythme est à trouver de
rassemblement plus large que celui de la communauté habituelle. C’est à voir
avec les conseils et les chrétiens-relais. Ce rassemblement permet aux plus
petites communautés de vivre une célébration plus festive et de s’ouvrir à une
dimension plus large de l’Eglise. Mais il ne peut pas être trop fréquent :
il aboutirait à une « désertification » de nos petites communautés et
serait voué à l’échec par lassitude, laissant pour compte les plus pauvres, les
personnes âgées, les enfants.
24. La messe télévisée ne
saurait tenir lieu de célébration dominicale. Elle ne remplace ni l’Eucharistie
ni l’ADAP. Elle est destinée aux malades et personnes âgées dans l’incapacité
de rejoindre leur communauté. Ne pourrait-on pas imaginer que la communion soit
portée à ces personnes privées d’une participation physique à l’assemblée ?
3. L’EUCHARISTIE,
CÉLÉBRATION
PAR EXCELLENCE DU DIMANCHE
« Cette réalité de la vie ecclésiale trouve dans
l’Eucharistie non seulement une expression particulièrement intense mais,
en un sens, le lieu même de sa source…La dimension intrinsèquement ecclésiale
de l’Eucharistie se réalise toutes les fois qu’elle est célébrée. Mais
à plus forte raison elle s’exprime le jour où toute la communauté est convoquée
pour faire mémoire de la résurrection du Seigneur ». (Jean-Paul II D.D. n°32)
Cette affirmation est claire.
Elle ne peut pas être remise en cause. Elle correspond à
31. Là où une célébration
dominicale est fixée, on s’interrogera toujours sur la possibilité effective
d’y célébrer l’Eucharistie, si nécessaire en faisant appel à un prêtre retraité
ou un prêtre de passage. Ce n’est que si une eucharistie n’est pas possible que
l’on envisagera un autre type de célébration dominicale.
L’appel à un prêtre retraité
ou de passage est toujours de la responsabilité du curé du secteur.
32. Sauf situations tout à fait exceptionnelles, un
prêtre ne célèbrera pas plus de messes que ne le permet le droit de l’Eglise :
deux, tout au plus trois messes le dimanche (Code de droit
canonique n° 905), samedi
soir compris.
33. Le ministère presbytéral est central pour la vie
de l’Eglise. Nous ne devons pas renoncer à appeler pour ce service de nos
communautés chrétiennes.
« Reste le problème des
paroisses où il n’est pas possible de bénéficier du ministère d’un prêtre
qui célèbre l’Eucharistie dominicale…Des situations d’urgence peuvent se rencontrer
dans les pays de tradition chrétienne séculaire lorsque la raréfaction du
clergé empêche d’assurer la présence d’un prêtre dans toutes les communautés
paroissiales. L’Eglise, prenant en considération les cas d’impossibilité
de la célébration eucharistique, recommande la convocation d’assemblées
dominicales en l’absence de prêtre selon les indications et les directives
données par le Saint-Siège » (Jean-Paul II D.D.
n° 53)
Il s’agit donc bien d’une
décision d’Eglise.
34. Dans la situation qui
est aujourd’hui la nôtre, ces assemblées sont à développer. Nous devons en
garder l’esprit : elles ne représentent pas un objectif en soi. Elles sont
la réponse du moment dans une situation difficile. L’objectif doit rester la
célébration de l’Eucharistie. Les ADAP sont enracinées dans l’Eucharistie et
orientées vers elle. Par le rassemblement lui-même, l’écoute de
35. En particulier l’ADAP ne
doit pas être recherchée comme un moyen de confier plus de responsabilités à
des laïcs, même si c’est l’un des fruits constatés d’une telle pratique.
36. Il faudrait éviter que
des décisions de célébration d’ADAP soient prises dans l’urgence :
départ précipité d’un prêtre malade, départ définitif sans remplacement. Il
serait au contraire souhaitable que le prêtre en charge d’un secteur réfléchisse
avec ses conseils, hors de toute urgence, à l’opportunité de célébrer des
ADAP ici ou là. Les décisions prises, cela permet de préparer l’opinion
et d’assurer la formation des animateurs.
37. Parmi les décisions à
prendre, on doit retenir celle des lieux où célébrer le dimanche, quelle
forme donner à cette célébration, quel rythme pour les ADAP si l’on
prend la décision d’en réunir. Quelques réflexions pourraient éclairer les
choix :
Il faut retenir comme lieux
de célébration dominicale (messe ou ADAP) ceux où un rassemblement ecclésial
peut être significatif : ce n’est pas seulement une question de nombre de
participants mais aussi de réelle vitalité ecclésiale (capacité à prendre en
charge l’animation de la prière commune, de la catéchèse, de la visite des
malades…).
38. S’il y a dans une église
du secteur plusieurs messes dominicales, on doit s’interroger sur la légitimité
de leur maintien avant d’organiser des ADAP dans d’autres paroisses du secteur.
On ne doit pas, dans une même église, célébrer un
même dimanche une messe et une ADAP pour des commodités d’horaires.
39. Les
ADAP doivent être célébrées en alternance avec l’Eucharistie,
l’objectif étant de retrouver un rythme global hebdomadaire. Les
paroisses les plus importantes du secteur devront donc accepter de célébrer,
elles aussi, des ADAP pour permettre une célébration de l’Eucharistie dans
des communautés moins nombreuses.
40. Là
où une ADAP est célébrée, les fidèles de la communauté seront invités à participer
à l’ADAP plutôt qu’à une Eucharistie célébrée dans une paroisse voisine.
Se déplacer, ce serait contribuer à déliter la communauté locale qui est le
corps ecclésial du Christ.
41. La manière dont la
célébration d’ADAP sur un secteur est annoncée est très importante.
Quand on touche à la liturgie, on touche à un point très sensible. Il est
capital que cette pratique paraisse aux yeux des chrétiens comme ecclésialement
légitime, qu’elle n’apparaisse pas comme l’initiative hasardeuse d’une personne
ou d’un groupe de pression.
L’annonce doit en être faite
par le curé, de manière un peu développée. Elle doit se référer au texte des
orientations diocésaines, à la pratique de l’Eglise de France, au Directoire
Romain. Elle doit être reprise, explicitée à chaque fois qu’une occasion en est
offerte dans les divers groupes paroissiaux.
Cette annonce ne peut être
faite que lorsque l’on s’est assuré que ces célébrations pourront tenir. Un
bricolage hâtif sans lendemain serait très néfaste pour l’avenir.
42. L’un des éléments-clés
de la durée, c’est l’existence d’une équipe locale
qu’il faut constituer et former.
Il ne faut pas confier l’animation des ADAP à une
personne seule. Ce serait une erreur psychologique. Ce serait aussi une erreur
ecclésiale. Il faut favoriser une prise en charge commune en multipliant les
rôles : animation de la prière, chants, lecture de
Il ne faut pas non plus confier
l’organisation des ADAP à quelqu’un ou une équipe qui viendrait d’ailleurs :
l’ADAP doit être prise en charge par la communauté locale.
Si elle ne le peut pas c’est qu’il n’y a pas vraiment sur place de communauté
d’Eglise. Il faut alors chercher à se regrouper avec d’autres. Une prise en
charge par l’extérieur ne peut être que provisoire. Elle doit garder pour
objectif premier la formation d’animateurs locaux.
43. Là
où l’ADAP est préparée avec un diacre, il en assure normalement la présidence.
Mais pour autant, il ne doit pas assumer tous les rôles. La nécessité d’une
équipe demeure.
44. L’équipe d’animation des
ADAP (qui peut être l’équipe liturgique) doit acquérir une formation
appropriée. Le service diocésain de pastorale sacramentelle et liturgique fera
des propositions dans ce sens. Mais pour une part cette formation est aussi à
donner sur place : elle peut se jouer dans la préparation des ADAP avec le
curé du secteur.
ANNEXE
Il est réglé par un schéma
indiqué par le Directoire Romain (Directoire pour les Assemblées Dominicales en
l’Absence de Prêtres. Congrégation pour le culte divin 1988). Le texte qui suit en
reprend l’essentiel.
- Les rites d’ouverture qui
rassemblent la communauté.
- La liturgie de
-
Lectures : on prendra le plus souvent les lectures proposées pour
l’Eucharistie dominicale.
-
Homélie : on peut s’aider d’un commentaire, utiliser l’homélie prononcée
par le curé là où il célèbre. (Directoire n°43). Pour commenter régulièrement
devra avoir reçu l’approbation
de l’Ordinaire.
-
Profession de foi
-
Prière universelle : elle comportera toujours une intention de prière
pour les vocations sacerdotales. Elle peut reprendre les intentions proposées
là où est célébrée l’Eucharistie.
- L’action de grâces :
par un psaume, une hymne, un cantique. On évitera de prendre une préface ou une
prière eucharistique du missel romain de manière à ne pas entretenir la
confusion.
- Les rites de
communion : en rappelant le lien avec le sacrifice eucharistique. La
communion est précédée du Notre Père, récité ou chanté par tous.
- Les rites de conclusion
qui manifestent le lien entre liturgie et vie chrétienne.
Ce cadre garde une certaine
souplesse qui permet des adaptations aux conditions locales.
Des documents et des revues
peuvent contribuer à former des animateurs et à les aider dans la préparation
des ADAP
L’absence du ministère et de
l’Eucharistie seront toujours à signifier :
La structure
« sacramentelle » du dialogue du président avec l’assemblée ne sera
pas employée (n°39).
L’autel sera libre, dégagé.
Ce n’est pas d’abord autour de lui mais autour de
-
Le Directoire pour les
Assemblées Dominicales en l’Absence de Prêtre. Congrégation pour le Culte
Divin 1988. Editions du Cerf
-
Assemblées Dominicales
en l’Absence de Prêtre. Edité par le CNPL. Editions CLD
-
Parmi les publications
hebdomadaires pour la mise en œuvre de la liturgie dominicale, nous signalons
particulièrement la revue « Signes d’aujourd’hui» qui, dans chaque
numéro,
propose
des éléments pour les ADAP.
Fait
à Digne le 21 septembre 2002
+ François-Xavier Loizeau,
évêque de Digne
extrait
30. On comprend alors pourquoi, même dans le contexte des difficultés de notre temps, l'identité de ce jour doit être sauvegardée et surtout profondément vécue. Un auteur oriental du début du troisième siècle rapporte que dans chaque région les fidèles sanctifiaient déjà régulièrement le dimanche.(36) La pratique spontanée est devenue ensuite norme juridiquement sanctionnée: le jour du Seigneur a rythmé l'histoire bimillénaire de l'Église. Comment pourrait-on penser qu'il ne continue pas à marquer son avenir? Les problèmes qui, de notre temps, peuvent rendre plus difficile la pratique du devoir dominical trouvent effectivement l'Église sensible et maternellement attentive aux conditions de chacun de ses enfants. Elle se sent appelée en particulier à un nouvel engagement catéchétique et pastoral, pour qu'aucun d'eux, dans les conditions de vie normales, ne demeure privé de l'abondance de grâce que la célébration du jour du Seigneur porte en elle. Dans le même esprit, prenant position sur des hypothèses de réforme du calendrier ecclésial par rapport à des variations des systèmes de calendrier civil, le Concile œcuménique Vatican II a déclaré que les seules auxquelles l'Église ne s'oppose pas sont celles « qui respectent et sauve-gardent la semaine de sept jours avec le dimanche ».(37) Au seuil du troisième millénaire, la célébration du dimanche chrétien, pour les significations qu'il évoque et les dimensions qu'il implique par rapport aux fondements mêmes de la foi, demeure un élément déterminant de l'identité chrétienne. (retour texte)
extrait « Dies Domini » (D.D.)
CHAPITRE III
DIES ECCLESIAE
L'assemblée eucharistique,
cœur du dimanche
La présence du Ressuscité
31. « Je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28,20). Cette promesse du Christ continue à être entendue dans l'Église qui y trouve le secret fécond de sa vie et la source de son espérance. Si le dimanche est le jour de la résurrection, il n'est pas seulement le souvenir d'un événement passé: il est la célébration de la présence vivante du Ressuscité au milieu des siens.
Pour que cette présence soit annoncée et vécue comme
il convient, il ne suffit pas que les disciples du Christ prient individuellement
et fassent mémoire intérieurement, dans le secret de leur cœur,
de la mort et de la résurrection du Christ. En effet, ceux qui ont
reçu la grâce du baptême n'ont pas été sauvés
seulement à titre individuel, mais comme membres du Corps mystique
qui font partie du peuple de Dieu.(38) Il est donc important qu'ils se réunissent
pour exprimer pleinement l'identité même de l'Église,
l'ekklesía, l'assemblée convoquée par le Seigneur ressuscité,
Lui qui a offert sa vie « afin de rassembler dans l'unité les
enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52). Ils sont devenus «
un » dans le Christ (cf. Gal 3,28) par le don de l'Esprit. Cette unité
se manifeste extérieurement lorsque les chrétiens se réunissent:
ils prennent alors vivement conscience d'être le peuple des rachetés,
composé d' « hommes de toute race, langue, peuple et nation »
(Ap 5,9) et ils en témoignent devant le monde. Dans l'assemblée
des disciples du Christ, se prolonge dans le temps l'image de la première
communauté chrétienne que Luc a voulu décrire de manière
exemplaire dans les Actes des Apôtres, lorsqu'il écrit que les
premiers baptisés « se montraient assidus à l'enseignement
des Apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à
la fraction du pain et aux prières » (2,42). (retour
texte)
extrait « Dies Domini » (D.D.)
L'assemblée eucharistique
32. Cette réalité de la vie ecclésiale trouve dans l'Eucharistie non seulement une expression particulièrement intense, mais, en un sens, le lieu même de sa « source ».(39) L'Eucharistie nourrit et forme l'Église: « Parce qu'il n'y a qu'un seul pain, à plusieurs nous ne sommes qu'un corps, car tous nous participons à ce pain unique » (1 Co 10,17). De par son rapport vital avec le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, le mystère de l'Église est annoncé, goûté et vécu avant tout dans l'Eucharistie.(40)
La dimension intrinsèquement ecclésiale de l'Eucharistie se réalise toutes les fois qu'elle est célébrée. Mais, à plus forte raison, elle s'exprime le jour où toute la communauté est convoquée pour faire mémoire de la résurrection du Seigneur. De manière significative, le Catéchisme de l'Église catholique enseigne que « la célébration dominicale du jour et de l'Eucharistie du Seigneur est au cœur de la vie de l'Église ».(41) (retour texte)
33. C'est justement lors de la Messe dominicale que les chrétiens
revivent avec une intensité particulière l'expérience
faite par les Apôtres réunis le soir de Pâques, lorsque
le Ressuscité se manifesta devant eux (cf. Jn 20,19). Dans ce petit
noyau de disciples, prémices de l'Église, se trouvait présent
d'une certaine façon le peuple de Dieu de tous les temps. Dans leur
témoignage résonne pour toutes les générations
de croyants le salut du Christ, riche du don messianique de la paix acquise
par son sang et donnée en même temps que son Esprit: «
Paix à vous! ». Au retour du Christ parmi eux « huit jours
après » (Jn 20,26), on peut voir préfiguré l'usage
de la communauté chrétienne de se rassembler chaque huitième
jour, le « jour du Seigneur » ou dimanche, pour professer la foi
en sa résurrection et pour recevoir les fruits de la promesse exprimée
dans la béatitude: « Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont
cru » (Jn 20,29). Ce lien étroit entre la manifestation du Ressuscité
et l'Eucharistie est suggéré par l'Évangile de Luc dans
le récit concernant les deux disciples d'Emmaüs, auxquels le Christ
se joignit lui-même, en les guidant dans l'intelligence de la Parole
et enfin en restant à table avec eux. Ils le reconnurent quand il «
prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur
donna » (24,30). Les gestes accomplis par Jésus dans ce récit
sont les mêmes qu'à la dernière Cène, avec une
allusion claire à la « fraction du pain », expression qu'emploie
la première génération chrétienne pour désigner
l'Eucharistie. (retour texte)
extrait « Dies Domini » (D.D.)
Les assemblées dominicales en l'absence de prêtre
53. Reste le problème des paroisses où il n'est pas possible
de bénéficier du ministère d'un prêtre qui célèbre
l'Eucharistie dominicale. Cela se produit souvent dans les jeunes Églises,
où un seul prêtre a la responsabilité pastorale de fidèles
dispersés dans un vaste territoire. Des situations d'urgence peuvent
se rencontrer également dans les pays de tradition chrétienne
séculaire, lorsque la raréfaction du clergé empêche
d'assurer la présence d'un prêtre dans toutes les communautés
paroissiales. L'Église, prenant en considération les cas d'impossibilité
de la célébration eucharistique, recommande la convocation d'assemblées
dominicales en l'absence de prêtre,(95) selon les indications et les
directives données par le Saint-Siège, dont l'application est
confiée aux Conférences épiscopales.(96) Toutefois, l'objectif
doit demeurer la célébration du sacrifice de la Messe, seule
véritable actualisation de la Pâque du Seigneur, seule réalisation
complète de l'assemblée eucharistique que le prêtre préside
in persona Christi, rompant le pain de la Parole et celui de l'Eucharistie.
Au niveau pastoral, on prendra donc toutes les mesures nécessaires
pour que les fidèles qui en sont habituellement privés puissent
en bénéficier le plus souvent possible, en favorisant la présence
périodique d'un prêtre, ou en profitant au mieux de toutes les
occasions d'organiser un rassemblement en un lieu central, accessible à
différents groupes éloignés. (retour texte)
Chapitre I
LES JOURS DE FÊTES
Can. 1246 – § 1. Le dimanche où, de par la tradition apostolique,
est célébré le mystère pascal doit être
observé dans l’Église tout entière comme le principal
jour de fête de précepte. Et de même doivent être
observés les jours de la Nativité de Notre Seigneur Jésus
Christ, de l’Épiphanie, de l’Ascension et du très Saint Corps
et Sang du Christ, le jour de Sainte Marie Mère de Dieu, de son Immaculée
Conception et de son Assomption, de saint Joseph, des saints Apôtres
Pierre et Paul et enfin de tous les Saints.
§ 2. Cependant, la conférence des Évêques peut, avec l’approbation préalable du Saint-Siège, supprimer certaines fêtes de précepte ou les reporter au dimanche.
Can. 1247 – Le dimanche et les autres jours de fête de précepte, les fidèles sont tenus par l’obligation de participer à la Messe ; de plus, ils s’abstiendront de ces travaux et de ces affaires qui empêchent le culte dû à Dieu, la joie propre au jour du Seigneur ou la détente convenable de l’esprit et du corps.
Can. 1248 – § 1. Satisfait au précepte de participer à la Messe, qui assiste à la Messe célébrée selon le rite catholique le jour de fête lui-même ou le soir du jour précédent.
§ 2. Si, faute de ministre sacré ou pour toute autre cause grave, la participation à la célébration eucharistique est impossible, il est vivement recommandé que les fidèles participent à la liturgie de la Parole s’il y en a une dans l’église paroissiale ou dans un autre lieu sacré, célébrée selon les dispositions prises par l’Évêque diocésain, ou bien s’adonnent à la prière pendant un temps convenable, seul ou en famille, ou, selon l’occasion, en groupes de familles.
Can. 905 – § 1. Il n’est pas permis à un prêtre de célébrer plus d’une fois par jour, sauf dans les cas où, selon le droit, il est permis de célébrer ou de concélébrer plus d’une fois l’Eucharistie le même jour.
§ 2. S’il y a pénurie de prêtres, l’Ordinaire du lieu peut
permettre, pour une juste cause, que les prêtres célèbrent
deux fois par jour, et même, lorsque la nécessité pastorale
l’exige, trois fois les dimanches et les jours de fêtes d’obligation.