CÉLÉBRER LE DIMANCHE

 

Orientations diocésaines

 

L’Eglise célèbre le mystère pascal, en vertu d’une tradition apostolique qui remonte au jour même de la résurrection du Christ, chaque huitième jour, qui est nommé à bon droit le jour du Seigneur, ou dimanche*. Ce jour-là en effet les fidèles doivent se rassembler pour que, entendant la parole de Dieu et participant à l’Eucharistie, ils se souviennent de la passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus et rendent grâces à Dieu qui les a régénérés par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts. Aussi, le jour dominical est-il le jour de fête primordiale qu’il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles…(Vatican II  La Sainte Liturgie n° 106)

 

Cette affirmation traditionnelle, reprise par le Concile Vatican II, n’a pas fait difficulté chez nous jusque dans les années 70. Les trois points essentiels soulignés par ce texte (célébration du dimanche, par le rassemblement des fidèles et leur participation à l’Eucharistie) pouvaient être honorés ensemble. Le contexte social et ecclésial soutenait une pratique dominicale régulière. La densité du tissu rural permettait de rassembler dans les villages une communauté significative. Les prêtres encore nombreux célébraient l’Eucharistie en chacun d’eux.

 

Cette pratique harmonieuse s’est trouvé remise en cause par les évolutions culturelles contestant les pratiques héritées, par la désertification du monde rural regroupant la population dans quelques villes et bourgs, par les migrations saisonnières du tourisme, par la diminution préoccupante du nombre des prêtres.

On a, dans un premier temps, tenté de se réorganiser avec les moyens disponibles, pour honorer, autant que possible, la célébration dominicale, en demandant à chaque prêtre de célébrer plus de messes, en regroupant les fidèles là où c’était possible. On a espacé les célébrations dans les plus petites communautés au risque de casser le rythme hebdomadaire traditionnel.

Ces aménagements trouvent aujourd’hui leur limite. Notre fidélité à la célébration du jour du Seigneur nous contraint, dans un moment difficile, à l’imagination et au courage. Ces orientations diocésaines voudraient guider et soutenir les initiatives qu’il nous faut prendre et sans lesquelles la célébration du dimanche risque de progressivement s’effacer dans nos consciences et nos pratiques catholiques.

 

* Une concession du Siège Apostolique permet que, dès le samedi soir précédent, on puisse satisfaire au précepte de la participation à la messe dominicale…Cette concession a pour but de permettre aux chrétiens, dans les circonstances actuelles, de célébrer plus facilement le jour de la résurrection du Seigneur. (Instruction Eucharisticum Mysterium n° 28 25/05/1967).

 

Ces orientations s’articulent autour des trois grandes affirmations mentionnées plus haut et réaffirmées en 1998 par le Pape Jean-Paul II dans sa lettre apostolique « Dies Domini » (D.D.)

 

1. Il faut célébrer le dimanche.

2. Pour célébrer le dimanche, il faut se rassembler.

3. L’Eucharistie est la célébration par excellence du dimanche.

 

Comment aujourd’hui faire droit à ces trois exigences ?

 

1. IL FAUT CÉLÉBRER CHAQUE DIMANCHE

 

« Même dans le contexte des difficultés de notre temps, l’identité de ce jour doit être sauvegardée et surtout profondément vécue… Au seuil du troisième millénaire, la célébration du dimanche chrétien, pour les significations qu’il évoque et les dimensions qu’il implique par rapport aux fondements mêmes de la foi, demeure un élément déterminant de l’identité chrétienne »

(Jean-Paul II  D. D. n°30)

 

11. L’Eglise maintient le précepte dominical. (Code de droit canonique n° 1246)

 

12. Notre objectif, en Eglise diocésaine, n’est donc pas de gérer au mieux le repli. C’est de pouvoir offrir à nouveau la possibilité d’une célébration hebdomadaire du dimanche partout où existe une communauté chrétienne (c’est à dire là où existe une vie ecclésiale : catéchèse, visite des malades, attention aux plus pauvres…).

Nous avons à refaire sur ce point un gros travail d’éducation. Nos pratiques de ces dernières décennies ne sont pas, de fait, allées dans ce sens : en maintenant l’eucharistie dans les paroisses-centres et en l’espaçant dans les paroisses périphériques, nous avons pu paraître légitimer une pratique bi-mensuelle ou mensuelle.

 

13. Là où existe encore le rythme hebdomadaire, s’il y a réellement une communauté chrétienne (là où la foi est enseignée, la prière assurée, la charité exercée), on ne supprimera pas la messe dominicale sans mettre en place une autre célébration.

 

14. Là où il existe une communauté chrétienne, si le prêtre ne peut pas venir célébrer l’eucharistie dominicale, les fidèles ne sont pas pour autant dispensés de l’Assemblée Dominicale. L’Eglise leur recommande de célébrer alors une A.D.A.P. (Assemblée dominicale en l’absence de prêtre). Ce point est développé plus loin.

 

15. La célébration d’une messe en semaine dans une paroisse où la messe n’a pas été célébrée le dimanche est une pratique spirituelle à encourager. Mais elle ne saurait remplacer le rassemblement dominical. Pour éviter toute ambiguïté, en semaine on ne célèbrera jamais la messe du dimanche mais la messe prévue ce jour-là par la liturgie

 

2. POUR CÉLÉBRER LE DIMANCHE,

IL FAUT SE RASSEMBLER

 

« Pour que la présence vivante du Ressuscité au milieu des siens soit annoncée et vécue comme il convient, il ne suffit pas que les disciples du Christ prient individuellement et fassent mémoire intérieurement, dans le secret de leur cœur, de la mort et de la résurrection du Christ…Il est important qu’ils se réunissent pour exprimer pleinement l’identité même de l’Eglise, l’ekklesia, l’assemblée convoquée par le Seigneur ressuscité, lui qui a offert sa vie pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés »  (Jean-Paul II  D. D. n°31)

 

Là encore nos pratiques et notre tradition ne vont pas dans ce sens. Dans une approche individualiste de la foi, nous avons multiplié les célébrations dominicales pour la commodité des fidèles au risque d’émietter les communautés. Le grand nombre des prêtres le permettait. La perspective n’était pas juste pour autant. On est loin de la pratique de l’Eglise des Pères où une seule messe était célébrée chaque dimanche dans chaque Eglise. La nécessité du rassemblement primait sur toute autre considération. Il nous faut redécouvrir cette dimension communautaire du dimanche.

 

21. A l’avenir, lorsqu’il s’agira de déterminer des lieux, des horaires, des rythmes de célébrations dominicales, le premier critère à prendre en compte devra être celui du meilleur rassemblement des diverses communautés. Dans les villes cela pourra se traduire par une diminution du nombre de célébrations. Un effort de plus grande disponibilité sera exigé de chacun.

 

22. Dans les secteurs marqués par le tourisme et le thermalisme, des rythmes différents sont sans doute à adopter selon les saisons.

 

23. Nous devons avoir le courage de nous interroger (avec les conseils pastoraux bien sûr) sur l’opportunité de maintenir l’Eucharistie dominicale là où il n’y a plus de vie ecclésiale réelle et où le mot rassemblement a perdu tout son sens. Il faut peut-être, dans ces cas là, inviter les quelques participants à rejoindre le dimanche une communauté et faciliter leur déplacement.

 

24. Dans chaque secteur un rythme est à trouver de rassemblement plus large que celui de la communauté habituelle. C’est à voir avec les conseils et les chrétiens-relais. Ce rassemblement permet aux plus petites communautés de vivre une célébration plus festive et de s’ouvrir à une dimension plus large de l’Eglise. Mais il ne peut pas être trop fréquent : il aboutirait à une « désertification » de nos petites communautés et serait voué à l’échec par lassitude, laissant pour compte les plus pauvres, les personnes âgées, les enfants.

 

24. La messe télévisée ne saurait tenir lieu de célébration dominicale. Elle ne remplace ni l’Eucharistie ni l’ADAP. Elle est destinée aux malades et personnes âgées dans l’incapacité de rejoindre leur communauté. Ne pourrait-on pas imaginer que la communion soit portée à ces personnes privées d’une participation physique à l’assemblée ?

 

3. L’EUCHARISTIE,

CÉLÉBRATION PAR EXCELLENCE DU DIMANCHE

 

« Cette réalité de la vie ecclésiale trouve dans l’Eucharistie non seulement une expression particulièrement intense mais, en un sens, le lieu même de sa source…La dimension intrinsèquement ecclésiale de l’Eucharistie se réalise toutes les fois qu’elle est célébrée. Mais à plus forte raison elle s’exprime le jour où toute la communauté est convoquée pour faire mémoire de la résurrection du Seigneur ». (Jean-Paul II  D.D. n°32)

 

Cette affirmation est claire. Elle ne peut pas être remise en cause. Elle correspond à la Tradition la plus unanime de l’Eglise.

 

31. Là où une célébration dominicale est fixée, on s’interrogera toujours sur la possibilité effective d’y célébrer l’Eucharistie, si nécessaire en faisant appel à un prêtre retraité ou un prêtre de passage. Ce n’est que si une eucharistie n’est pas possible que l’on envisagera un autre type de célébration dominicale.

L’appel à un prêtre retraité ou de passage est toujours de la responsabilité du curé du secteur.

 

32. Sauf situations tout à fait exceptionnelles, un prêtre ne célèbrera pas plus de messes que ne le permet le droit de l’Eglise : deux, tout au plus trois messes le dimanche (Code de droit canonique n° 905), samedi soir compris.

 

33. Le ministère presbytéral est central pour la vie de l’Eglise. Nous ne devons pas renoncer à appeler pour ce service de nos communautés chrétiennes.

 

Les assemblées dominicales en l’absence de prêtre

 

« Reste le problème des paroisses où il n’est pas possible de bénéficier du ministère d’un prêtre qui célèbre l’Eucharistie dominicale…Des situations d’urgence peuvent se rencontrer dans les pays de tradition chrétienne séculaire lorsque la raréfaction du clergé empêche d’assurer la présence d’un prêtre dans toutes les communautés paroissiales. L’Eglise, prenant en considération les cas d’impossibilité de la célébration eucharistique, recommande la convocation d’assemblées dominicales en l’absence de prêtre selon les indications et les directives données par le Saint-Siège » (Jean-Paul II  D.D. n° 53)

 

Il s’agit donc bien d’une décision d’Eglise.

 

34. Dans la situation qui est aujourd’hui la nôtre, ces assemblées sont à développer. Nous devons en garder l’esprit : elles ne représentent pas un objectif en soi. Elles sont la réponse du moment dans une situation difficile. L’objectif doit rester la célébration de l’Eucharistie. Les ADAP sont enracinées dans l’Eucharistie et orientées vers elle. Par le rassemblement lui-même, l’écoute de la Parole de Dieu, la prière commune en particulier d’action de grâces, par la communion, l’ADAP maintient les chrétiens tendus vers la célébration eucharistique.

 

35. En particulier l’ADAP ne doit pas être recherchée comme un moyen de confier plus de responsabilités à des laïcs, même si c’est l’un des fruits constatés d’une telle pratique.

 

36. Il faudrait éviter que des décisions de célébration d’ADAP soient prises dans l’urgence : départ précipité d’un prêtre malade, départ définitif sans remplacement. Il serait au contraire souhaitable que le prêtre en charge d’un secteur réfléchisse avec ses conseils, hors de toute urgence, à l’opportunité de célébrer des ADAP ici ou là. Les décisions prises, cela permet de préparer l’opinion et d’assurer la formation des animateurs.

 

37. Parmi les décisions à prendre, on doit retenir celle des lieux où célébrer le dimanche, quelle forme donner à cette célébration, quel rythme pour les ADAP si l’on prend la décision d’en réunir. Quelques réflexions pourraient éclairer les choix :

Il faut retenir comme lieux de célébration dominicale (messe ou ADAP) ceux où un rassemblement ecclésial peut être significatif : ce n’est pas seulement une question de nombre de participants mais aussi de réelle vitalité ecclésiale (capacité à prendre en charge l’animation de la prière commune, de la catéchèse, de la visite des malades…).

 

38. S’il y a dans une église du secteur plusieurs messes dominicales, on doit s’interroger sur la légitimité de leur maintien avant d’organiser des ADAP dans d’autres paroisses du secteur.

On ne doit pas, dans une même église, célébrer un même dimanche une messe et une ADAP pour des commodités d’horaires.

 

39. Les ADAP doivent être célébrées en alternance avec l’Eucharistie, l’objectif étant de retrouver un rythme global hebdomadaire. Les paroisses les plus importantes du secteur devront donc accepter de célébrer, elles aussi, des ADAP pour permettre une célébration de l’Eucharistie dans des communautés moins nombreuses.

 

40. Là où une ADAP est célébrée, les fidèles de la communauté seront invités à participer à l’ADAP plutôt qu’à une Eucharistie célébrée dans une paroisse voisine. Se déplacer, ce serait contribuer à déliter la communauté locale qui est le corps ecclésial du Christ.

 

41. La manière dont la célébration d’ADAP sur un secteur est annoncée est très importante. Quand on touche à la liturgie, on touche à un point très sensible. Il est capital que cette pratique paraisse aux yeux des chrétiens comme ecclésialement légitime, qu’elle n’apparaisse pas comme l’initiative hasardeuse d’une personne ou d’un groupe de pression.

L’annonce doit en être faite par le curé, de manière un peu développée. Elle doit se référer au texte des orientations diocésaines, à la pratique de l’Eglise de France, au Directoire Romain. Elle doit être reprise, explicitée à chaque fois qu’une occasion en est offerte dans les divers groupes paroissiaux.

Cette annonce ne peut être faite que lorsque l’on s’est assuré que ces célébrations pourront tenir. Un bricolage hâtif sans lendemain serait très néfaste pour l’avenir.

 

42. L’un des éléments-clés de la durée, c’est l’existence d’une équipe locale qu’il faut constituer et former.

Il ne faut pas confier l’animation des ADAP à une personne seule. Ce serait une erreur psychologique. Ce serait aussi une erreur ecclésiale. Il faut favoriser une prise en charge commune en multipliant les rôles : animation de la prière, chants, lecture de la Parole et son commentaire, distribution de la communion…La direction de l’ADAP, rôle symboliquement fort, sera assurée à tour de rôle par les membres de l’équipe.

Il ne faut pas non plus confier l’organisation des ADAP à quelqu’un ou une équipe qui viendrait d’ailleurs : l’ADAP doit être prise en charge par la communauté locale. Si elle ne le peut pas c’est qu’il n’y a pas vraiment sur place de communauté d’Eglise. Il faut alors chercher à se regrouper avec d’autres. Une prise en charge par l’extérieur ne peut être que provisoire. Elle doit garder pour objectif premier la formation d’animateurs locaux.

 

43. Là où l’ADAP est préparée avec un diacre, il en assure normalement la présidence. Mais pour autant, il ne doit pas assumer tous les rôles. La nécessité d’une équipe demeure.

 

44. L’équipe d’animation des ADAP (qui peut être l’équipe liturgique) doit acquérir une formation appropriée. Le service diocésain de pastorale sacramentelle et liturgique fera des propositions dans ce sens. Mais pour une part cette formation est aussi à donner sur place : elle peut se jouer dans la préparation des ADAP avec le curé du secteur.

 

 


 

ANNEXE

 

Le déroulement des ADAP

Il est réglé par un schéma indiqué par le Directoire Romain (Directoire pour les Assemblées Dominicales en l’Absence de Prêtres. Congrégation pour le culte divin 1988). Le texte qui suit en reprend l’essentiel.

 

- Les rites d’ouverture qui rassemblent la communauté.

 

- La liturgie de la Parole :

-          Lectures : on prendra le plus souvent les lectures proposées pour l’Eucharistie   dominicale.

-          Homélie : on peut s’aider d’un commentaire, utiliser l’homélie prononcée par le curé là où il célèbre. (Directoire n°43). Pour commenter régulièrement la Parole de Dieu un laïc          
             devra avoir reçu l’approbation de l’Ordinaire.

-          Profession de foi

-          Prière universelle : elle comportera toujours une intention de prière pour les vocations sacerdotales. Elle peut reprendre les intentions proposées là où est célébrée l’Eucharistie.

           

- L’action de grâces : par un psaume, une hymne, un cantique. On évitera de prendre une préface ou une prière eucharistique du missel romain de manière à ne pas entretenir la confusion.

 

- Les rites de communion : en rappelant le lien avec le sacrifice eucharistique. La communion est précédée du Notre Père, récité ou chanté par tous.

 

- Les rites de conclusion qui manifestent le lien entre liturgie et vie chrétienne.

 

Ce cadre garde une certaine souplesse qui permet des adaptations aux conditions locales.

Des documents et des revues peuvent contribuer à former des animateurs et à les aider dans la préparation des ADAP

 

L’absence du ministère et de l’Eucharistie seront toujours à signifier :

La structure « sacramentelle » du dialogue du président avec l’assemblée ne sera pas employée (n°39).

L’autel sera libre, dégagé. Ce n’est pas d’abord autour de lui mais autour de la Parole que l’on sera rassemblé.

 

 

 

 

Quelques outils

-          Le Directoire pour les Assemblées Dominicales en l’Absence de Prêtre. Congrégation pour le Culte Divin 1988. Editions du Cerf

-          Assemblées Dominicales en l’Absence de Prêtre. Edité par le CNPL. Editions CLD

-          Parmi les publications hebdomadaires pour la mise en œuvre de la liturgie dominicale, nous signalons particulièrement la revue « Signes d’aujourd’hui» qui, dans chaque numéro,                                   propose des éléments pour les ADAP.

 

 

 

Fait à Digne le 21 septembre 2002

 

+ François-Xavier Loizeau,

évêque de Digne

.

.

.

..................................................................................................................................................................................................

extrait « Dies Domini » (D.D.)

Un jour auquel on ne peut renoncer!

30. On comprend alors pourquoi, même dans le contexte des difficultés de notre temps, l'identité de ce jour doit être sauvegardée et surtout profondément vécue. Un auteur oriental du début du troisième siècle rapporte que dans chaque région les fidèles sanctifiaient déjà régulièrement le dimanche.(36) La pratique spontanée est devenue ensuite norme juridiquement sanctionnée: le jour du Seigneur a rythmé l'histoire bimillénaire de l'Église. Comment pourrait-on penser qu'il ne continue pas à marquer son avenir? Les problèmes qui, de notre temps, peuvent rendre plus difficile la pratique du devoir dominical trouvent effectivement l'Église sensible et maternellement attentive aux conditions de chacun de ses enfants. Elle se sent appelée en particulier à un nouvel engagement catéchétique et pastoral, pour qu'aucun d'eux, dans les conditions de vie normales, ne demeure privé de l'abondance de grâce que la célébration du jour du Seigneur porte en elle. Dans le même esprit, prenant position sur des hypothèses de réforme du calendrier ecclésial par rapport à des variations des systèmes de calendrier civil, le Concile œcuménique Vatican II a déclaré que les seules auxquelles l'Église ne s'oppose pas sont celles « qui respectent et sauve-gardent la semaine de sept jours avec le dimanche ».(37) Au seuil du troisième millénaire, la célébration du dimanche chrétien, pour les significations qu'il évoque et les dimensions qu'il implique par rapport aux fondements mêmes de la foi, demeure un élément déterminant de l'identité chrétienne. (retour texte)

 

extrait « Dies Domini » (D.D.)

CHAPITRE III

DIES ECCLESIAE

L'assemblée eucharistique,
cœur du dimanche

La présence du Ressuscité

31. « Je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28,20). Cette promesse du Christ continue à être entendue dans l'Église qui y trouve le secret fécond de sa vie et la source de son espérance. Si le dimanche est le jour de la résurrection, il n'est pas seulement le souvenir d'un événement passé: il est la célébration de la présence vivante du Ressuscité au milieu des siens.

Pour que cette présence soit annoncée et vécue comme il convient, il ne suffit pas que les disciples du Christ prient individuellement et fassent mémoire intérieurement, dans le secret de leur cœur, de la mort et de la résurrection du Christ. En effet, ceux qui ont reçu la grâce du baptême n'ont pas été sauvés seulement à titre individuel, mais comme membres du Corps mystique qui font partie du peuple de Dieu.(38) Il est donc important qu'ils se réunissent pour exprimer pleinement l'identité même de l'Église, l'ekklesía, l'assemblée convoquée par le Seigneur ressuscité, Lui qui a offert sa vie « afin de rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52). Ils sont devenus « un » dans le Christ (cf. Gal 3,28) par le don de l'Esprit. Cette unité se manifeste extérieurement lorsque les chrétiens se réunissent: ils prennent alors vivement conscience d'être le peuple des rachetés, composé d' « hommes de toute race, langue, peuple et nation » (Ap 5,9) et ils en témoignent devant le monde. Dans l'assemblée des disciples du Christ, se prolonge dans le temps l'image de la première communauté chrétienne que Luc a voulu décrire de manière exemplaire dans les Actes des Apôtres, lorsqu'il écrit que les premiers baptisés « se montraient assidus à l'enseignement des Apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (2,42). (retour texte)

 

 

extrait « Dies Domini » (D.D.)

L'assemblée eucharistique

32. Cette réalité de la vie ecclésiale trouve dans l'Eucharistie non seulement une expression particulièrement intense, mais, en un sens, le lieu même de sa « source ».(39) L'Eucharistie nourrit et forme l'Église: « Parce qu'il n'y a qu'un seul pain, à plusieurs nous ne sommes qu'un corps, car tous nous participons à ce pain unique » (1 Co 10,17). De par son rapport vital avec le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, le mystère de l'Église est annoncé, goûté et vécu avant tout dans l'Eucharistie.(40)

La dimension intrinsèquement ecclésiale de l'Eucharistie se réalise toutes les fois qu'elle est célébrée. Mais, à plus forte raison, elle s'exprime le jour où toute la communauté est convoquée pour faire mémoire de la résurrection du Seigneur. De manière significative, le Catéchisme de l'Église catholique enseigne que « la célébration dominicale du jour et de l'Eucharistie du Seigneur est au cœur de la vie de l'Église ».(41) (retour texte)

33. C'est justement lors de la Messe dominicale que les chrétiens revivent avec une intensité particulière l'expérience faite par les Apôtres réunis le soir de Pâques, lorsque le Ressuscité se manifesta devant eux (cf. Jn 20,19). Dans ce petit noyau de disciples, prémices de l'Église, se trouvait présent d'une certaine façon le peuple de Dieu de tous les temps. Dans leur témoignage résonne pour toutes les générations de croyants le salut du Christ, riche du don messianique de la paix acquise par son sang et donnée en même temps que son Esprit: « Paix à vous! ». Au retour du Christ parmi eux « huit jours après » (Jn 20,26), on peut voir préfiguré l'usage de la communauté chrétienne de se rassembler chaque huitième jour, le « jour du Seigneur » ou dimanche, pour professer la foi en sa résurrection et pour recevoir les fruits de la promesse exprimée dans la béatitude: « Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru » (Jn 20,29). Ce lien étroit entre la manifestation du Ressuscité et l'Eucharistie est suggéré par l'Évangile de Luc dans le récit concernant les deux disciples d'Emmaüs, auxquels le Christ se joignit lui-même, en les guidant dans l'intelligence de la Parole et enfin en restant à table avec eux. Ils le reconnurent quand il « prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna » (24,30). Les gestes accomplis par Jésus dans ce récit sont les mêmes qu'à la dernière Cène, avec une allusion claire à la « fraction du pain », expression qu'emploie la première génération chrétienne pour désigner l'Eucharistie. (retour texte)

 

 

extrait « Dies Domini » (D.D.)

 

Les assemblées dominicales en l'absence de prêtre

53. Reste le problème des paroisses où il n'est pas possible de bénéficier du ministère d'un prêtre qui célèbre l'Eucharistie dominicale. Cela se produit souvent dans les jeunes Églises, où un seul prêtre a la responsabilité pastorale de fidèles dispersés dans un vaste territoire. Des situations d'urgence peuvent se rencontrer également dans les pays de tradition chrétienne séculaire, lorsque la raréfaction du clergé empêche d'assurer la présence d'un prêtre dans toutes les communautés paroissiales. L'Église, prenant en considération les cas d'impossibilité de la célébration eucharistique, recommande la convocation d'assemblées dominicales en l'absence de prêtre,(95) selon les indications et les directives données par le Saint-Siège, dont l'application est confiée aux Conférences épiscopales.(96) Toutefois, l'objectif doit demeurer la célébration du sacrifice de la Messe, seule véritable actualisation de la Pâque du Seigneur, seule réalisation complète de l'assemblée eucharistique que le prêtre préside in persona Christi, rompant le pain de la Parole et celui de l'Eucharistie. Au niveau pastoral, on prendra donc toutes les mesures nécessaires pour que les fidèles qui en sont habituellement privés puissent en bénéficier le plus souvent possible, en favorisant la présence périodique d'un prêtre, ou en profitant au mieux de toutes les occasions d'organiser un rassemblement en un lieu central, accessible à différents groupes éloignés. (retour texte)

 

 

(Code de droit canonique )

Chapitre I
LES JOURS DE FÊTES
Can. 1246 – § 1. Le dimanche où, de par la tradition apostolique, est célébré le mystère pascal doit être observé dans l’Église tout entière comme le principal jour de fête de précepte. Et de même doivent être observés les jours de la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ, de l’Épiphanie, de l’Ascension et du très Saint Corps et Sang du Christ, le jour de Sainte Marie Mère de Dieu, de son Immaculée Conception et de son Assomption, de saint Joseph, des saints Apôtres Pierre et Paul et enfin de tous les Saints.

§ 2. Cependant, la conférence des Évêques peut, avec l’approbation préalable du Saint-Siège, supprimer certaines fêtes de précepte ou les reporter au dimanche.

Can. 1247 – Le dimanche et les autres jours de fête de précepte, les fidèles sont tenus par l’obligation de participer à la Messe ; de plus, ils s’abstiendront de ces travaux et de ces affaires qui empêchent le culte dû à Dieu, la joie propre au jour du Seigneur ou la détente convenable de l’esprit et du corps.

Can. 1248 – § 1. Satisfait au précepte de participer à la Messe, qui assiste à la Messe célébrée selon le rite catholique le jour de fête lui-même ou le soir du jour précédent.

§ 2. Si, faute de ministre sacré ou pour toute autre cause grave, la participation à la célébration eucharistique est impossible, il est vivement recommandé que les fidèles participent à la liturgie de la Parole s’il y en a une dans l’église paroissiale ou dans un autre lieu sacré, célébrée selon les dispositions prises par l’Évêque diocésain, ou bien s’adonnent à la prière pendant un temps convenable, seul ou en famille, ou, selon l’occasion, en groupes de familles.

(retour texte)

 

(Code de droit canonique )

Can. 905 – § 1. Il n’est pas permis à un prêtre de célébrer plus d’une fois par jour, sauf dans les cas où, selon le droit, il est permis de célébrer ou de concélébrer plus d’une fois l’Eucharistie le même jour.

§ 2. S’il y a pénurie de prêtres, l’Ordinaire du lieu peut permettre, pour une juste cause, que les prêtres célèbrent deux fois par jour, et même, lorsque la nécessité pastorale l’exige, trois fois les dimanches et les jours de fêtes d’obligation.

(retour texte)